Pablo Fontoura & Jean-Marie Schaeffer (EHESS, CRAL) on “Taille des oeuvres d’art et effet de sublime”

February 2022, Monday 28th, 3:00pm to 5:00pm

Venue: Institut Jean Nicod, Salle de réunion, 29 rue d’Ulm, 75005 Paris (you can enter also from 24 rue Lhomond)

Abstract: Voir et regarder une œuvre visuelle mimétique est un processus éminemment complexe, d’ordre perceptif, cognitif et appréciatif (du moins lorsque ce regard s’inscrit dans une attitude d’attention esthétique/artistique). D’un côté, l’exploration visuelle des représentations figuratives bidimensionnelles active des capacités visio-mimétiques universelles. De l’autre, la culture et l’histoire informent toujours notre perception, et tout particulièrement le regard que nous portons sur des œuvres d’art. Cette question de l’interaction entre traitement perceptif et catégorisation culturelle se pose évidemment aussi à propos du sublime. Nous nous intéresserons ici à un aspect très spécifique de la question : le rôle (ou l’absence de rôle) de la taille dans l’effet de sublime. Dans les théories du sublime, celui-ci est souvent lié à des références concernant l’immensité, la grandeur (physique ou métaphorique) des phénomènes qui en sont la manifestation. On remarque aussi que la plupart des œuvres visuelles qui sont qualifiées de “sublimes”, sont de grande taille.Or, la taille d’une peinture contraint notre vision de multiples manières. Cela vaut tout particulièrement pour les œuvres dont la taille dépasse celle du spectateur. Est-ce que la vision en contre-plongée (du bas vers le haut) qu’il doit adopter peut influencer son ressenti et en particulier être responsable pour une partie de l’impression de « sublime » ? Ou encore : le fait qu’un tableau de très grande taille nous oblige à changer de distance pour l’embrasser en entier et pour voir les détails, transforme-t-il la dynamique du parcours du regard, voire notre rapport physique avec ce qui est montré, d’une manière telle que se produise un effet de « sublime » ? Pour introduire à cette question nous nous appuierons ici sur une étude de cas : celle du Retable d’Issenheim (1512-1516), de Matthias Grünewald. Ce polyptyque, de très grande taille, et considéré généralement comme une œuvre « sublime », a fait l’objet d’études oculométriques de la part de Pablo Fontoura. Bien que l’enjeu de ces études n’ait pas été la question du sublime (mais plutôt celle de l’interaction entre la matérialité de l’œuvre et ses niveaux iconique et symbolique), certains des faits observés lors de l’enregistrement des parcours des regards des spectateurs ouvrent peut-être la voie à une étude de la relation entre taille des œuvres et effet de « sublime ».

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